La Banque by Roche

La Banque by Roche

Auteur:Roche
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel


Dans leur conquête du monde, entre mégalomanie et sens des opportunités, les seigneurs de Goldman se sont attaqués à un nouveau pays-continent. Pour réussir dans cette jungle des affaires, deux facteurs sont nécessaires : le moment idoine et surtout les alliés adéquats. Là, dans l’ex-URSS triomphe celui qui parie sur les bonnes relations avec le Kremlin et sait naviguer dans un univers politique, juridique et comptable aux règles mouvantes. Business et politique sont inextricables. La plupart des oligarques ont occupé des postes gouvernementaux dans les années 90 et les décideurs politiques ont bien souvent des intérêts directs dans les grandes entreprises, via des hommes de paille ou des sociétés-écrans. Comme l’atteste le démantèlement, en 2003, du géant pétrolier Ioukos, le Kremlin a mis banquiers et industriels au pas.

A priori, le fragile édifice issu, en 1992, des décombres de « l’empire de toutes les Russies » a tout pour plaire à Goldman Sachs. Le formidable potentiel de croissance, les opportunités offertes par la grande braderie des privatisations de l’ère Eltsine au milieu des années 90, les valeurs boursières largement sous-évaluées et le climat d’affaires très prometteur ne peuvent qu’attirer LA Banque. Contrats et mandats sont négociés tranquillement dans l’ombre, ce qui n’est pas pour déplaire à une enseigne qui cultive le secret. Quant à la presse russe, elle a peur du pouvoir. De surcroît, l’économiste star de la firme, Jim O’Neill, a inventé le concept de BRICs, dans lequel la patrie de Pierre le Grand figure en bonne place, même s’il ne s’agit pas d’une puissance émergente à proprement parler. Enfin, le pétrole, activité souveraine de la Russie et moteur essentiel de sa croissance, ne peut qu’attiser l’intérêt d’un établissement qui joue un rôle de premier plan dans le trading énergétique.

Comment expliquer alors la déroute subie par la banque la plus puissante de la planète en Russie ? Tout d’abord, trop préoccupée par la Chine, Goldman Sachs a raté sa percée historique en ne s’y déployant qu’en 2006. Auparavant, la firme avait tâtonné : un bureau de représentation en 1998, à la veille de la crise financière russe, puis une longue période d’hibernation. Une filiale de droit russe avait suivi en 2006 puis une licence avait été obtenue pour constituer une holding bancaire diversifiée en 2008. La même année avait eu lieu l’achat de la banque de détail Tinkov, sans grands résultats. Dans les faits, les grandes transactions sont pilotées depuis Londres et New York, ce qui heurte le nationalisme local.

Ce tropisme américain décourage les grandes figures de la finance russe de siéger au sein de la direction moscovite de Goldman. Celle-ci n’a donc jamais réussi à se constituer une équipe forte et stable. Autre contretemps, Goldman pilote de main de maître l’OPA réussie du sidérurgiste Lakshmi Mittal sur Arcelor, en 2006, en torpillant la tentative de Severstal – le champion national de l’acier poussé par le Kremlin – de jouer au chevalier blanc. Le pouvoir pousse les oligarques à procéder à de grosses acquisitions à l’étranger pour renforcer l’influence du pays.



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